OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Wikipedia n’est pas mort, il a juste mûri http://owni.fr/2011/08/24/wikipedia-nest-pas-mort-il-a-juste-muri/ http://owni.fr/2011/08/24/wikipedia-nest-pas-mort-il-a-juste-muri/#comments Wed, 24 Aug 2011 14:06:39 +0000 Samuel (Authueil) http://owni.fr/?p=76803 Dans un intéressant article, Cédric Le Merrer se demande si Wikipédia n’est pas en train de se ringardiser et de couler. Selon lui, Wikipédia ne serait plus un projet “dans l’air du temps” du 2.0. La baisse du nombre de contributeurs, le caractère “obsolète” des outils techniques, seraient des signes d’une marginalisation progressive, qui pourrait, à terme, couper Wikipédia des internautes et faire disparaître son coté “collaboratif” qui fait sa force. Je suis d’un avis très différent. Radicalement différent même ! J’ai plutôt tendance à dire que Wikipédia arrive enfin à l’âge adulte, celui de la maturité.

Wikipedia est devenu plus exigeant

Même si une encyclopédie n’est jamais complète, il y a quand même beaucoup de choses sur Wikipédia, l’essentiel même. On en est maintenant aux détails. Sur le thème auquel je contribue, les anciens parlementaires, il reste encore du travail, mais l’ensemble des anciens ministres, même ceux qui ne le sont restés que 4 jours, ont leur fiche. Et ces fiches s’enrichissent continuellement. C’est justement dans ces détails que se trouve la véritable valeur ajoutée d’un projet comme Wikipédia, car on sait qu’aucun projet “professionnel”, c’est à dire mené par des salariés, n’ira aussi loin, pour des raisons bassement matérielles de coût marginal. Certes, c’est moins spectaculaire qu’au début, mais ce n’est pas moins utile.

Cédric Le Merrer déplore aussi que l’on arrive plus à attirer suffisamment de contributeurs. Et c’est là que je diverge radicalement avec lui. Entre quantité et qualité, je préfère très largement la qualité, et si tous les égos démesurés pouvaient se casser de Wikipédia, j’en serais extrêmement heureux (et je ne serais pas le seul). Oui, Wikipédia s’est “bureaucratisée”, ce qui présente des inconvénients, mais aussi des avantages. Le travail est plus sérieux, plus contrôlé, plus cadré. Certes, le “ticket d’entrée” est plus cher, il faut se former, entrer dans un moule, apprendre à se servir d’outils. Cela peut en décourager certains, et c’est tant mieux, car les purs amateurs, armés de leur seule bonne volonté, font plus de dégâts qu’autre chose.

Allier exigence de qualité et ouverture démocratique

C’est là qu’on arrive à cet éternel sujet du culte de l’amateur. Je pense qu’après quelques années de réseaux sociaux et autres bidules 2.0, on se rend bien compte que les amateurs n’apportent rien ou pas grand chose. Quand on voit les forums ouverts à tous, les fils de commentaires des sites de presse, c’est du n’importe quoi au niveau de la pensée construite et réfléchie. Le dialogue n’y existe pas, personne n’écoute l’autre et chacun assène ses opinions. On est très loin de la délibération démocratique. Dans ce magma informe, Wikipédia tranche complètement. C’est une organisation certes complexe, mais on a devant nous un modèle de fonctionnement démocratique, avec de véritables délibérations. Et en plus ça produit quelque chose, dans un esprit “non marchand”. A coté du vaste bavardage inutile produit par les réseaux sociaux, quel contraste !

Bien évidemment, Wikipédia doit faire attention, doit écouter les critiques et les remarques. Mais elle doit surtout préserver son mode de fonctionnement interne, authentiquement démocratique, son esprit non marchand, ainsi que les procédures qui assurent une qualité du produit. Il ne faut donc surtout pas céder au culte de l’amateur. Pour produire quelque chose de qualité, il faut des experts, et internet n’a strictement rien changé à cela. Wikipédia ne doit pas devenir un “social media” pour branleurs en quête de personnal branding. Il y a les réseaux sociaux pour ça.


Billet intialement publié sur Authueil sous le titre “Wikipedia n’est pas un réseau social

Illustrations: Flickr CC by-nd origini-kun / by-sa linus_art

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Feu les blogueurs influents http://owni.fr/2011/02/28/la-marginalisation-des-blogueurs/ http://owni.fr/2011/02/28/la-marginalisation-des-blogueurs/#comments Mon, 28 Feb 2011 07:30:48 +0000 Samuel (Authueil) http://owni.fr/?p=48839 Le 24 février, Éric Besson invitait un panel de blogueurs à venir diner au ministère. Comme toujours, beaucoup de réactions hystériques, pour un évènement qui finalement, n’apporte rien. En fait, ce n’est que de la comm’, et ça ne marche que très modérément, le modèle commençant à se banaliser, donc à perdre en efficacité. C’est particulièrement vrai avec Éric Besson, déjà en charge du secteur en 2008 (c’est là qu’il fallait les faire, ces diners de blogueurs), dont l’image générale n’est pas très bonne et qui passe après une professionnelle de la comm’.

La rencontre intéressante, c’était celle de Sarkozy et des entrepreneurs. Le vrai pouvoir, il est à l’Élysée, c’est là qu’il faut aller frapper. Et de préférence avec des choses à demander. Si c’est pour échanger aimablement, ça ne sert à rien. Les blogueurs amateurs n’ont pas leur place à ce niveau du jeu, sauf peut-être un ou deux gros (au sens du nombre de visiteurs, bien entendu…) afin d’apporter des contre-points et des précisions. Globalement, en tant que blogueur amateur, je n’ai pas à me plaindre du pouvoir en place, je n’ai pas grand chose à lui dire et rien à lui demander. Aucune menace ne pèse sur mon activité (Masson est un clown qui n’est écouté nulle part dans les lieux de pouvoir). Si j’ai des choses à dire, c’est en tant que citoyen, pas en tant que blogueur.

Le web, c’est maintenant une affaire de professionnels

Il faut arrêter de voir le web par le prisme des blogueurs, ce temps est révolu ! Le web, c’est maintenant une affaire de professionnels, tant pour le commerce que pour la diffusion des idées. Ouvrir un blog est bel et bon, et quelques-uns se lancent encore, mais désormais, l’essentiel se joue sur les réseaux sociaux et sur les sites de presse en ligne. À chaque fois, ce sont les journalistes qui sont les maîtres du jeu. Le “blogueur” est lu et vu s’il est repris par les sites de presse ou retwetté par un “forçat influent”. Seuls quelques blogs émergent, parmi les plus anciens. À un nouveau qui se lance et qui a véritablement des choses intéressantes à dire (c’est-à-dire une infime minorité), plutôt que d’ouvrir un blog, devenez chroniqueur chez un pure player. C’est ce que fait par exemple Jean-François Copé, en publiant régulièrement sur Slate. Moins contraignant et beaucoup plus efficace que de tenir un blog. Ces sites de pure player sont en plus très demandeurs de contributeurs de qualité. L’amateur qui tient son blog café du commerce est sympathique, mais sera de plus en plus marginal. Les regroupements qui, en 2005-2006, tenaient le haut du pavé se sont délités, laminés par la force de frappe des professionnels. Les blogrolls (à commencer par la mienne) ressemblent à des cimetières et l’essentiel de la conversation et de la recommandation, c’est Facebook-Twitter.

Aucun ne représente plus que lui-même et son petit cercle

La liste des invités du diner Besson est éloquente. Certes, il y a des gens très intéressants, mais aucun ne représente plus que lui-même et son petit cercle. Aucun ne pèse vraiment en terme d’audience, malgré une certaine notoriété. En terme de représentativité, c’est le néant absolu ou presque. Qu’avaient donc à dire ces blogueurs au ministre en charge de l’économie numérique ? Emery Doligé a pu poser trois questions, dont deux ne portaient pas sur le numérique ou sur les compétences ministérielles d’Éric Besson. Je suppose que le reste était à l’avenant : beaucoup de politique générale et quelques questions très générales ou sur des points récurrents (Hadopi, Loppsi…) sur l’Internet.

La société numérique, c’est désormais autre chose. Il y a des enjeux de pouvoir et d’argent qui sont devenus énormes. Beaucoup trop lourds pour de simples amateurs comme les blogueurs, qui de toute manière, n’ont pas les compétences pour les traiter. Le vrai boulot va se faire maintenant au sein du CNN, où il faut des chefs d’entreprise, des juristes, des techniciens de l’informatique et de l’Internet. Le blogueur y aurait sa place en tant qu’usager, mais c’est à peu près tout.

En fait, ce diner chez Éric Besson, ça ressemblait à une rencontre entre le directeur marketing d’une entreprise et un panel de consommateurs.


Article initialement publié sur le blog d’Authueil.

Illustration CC FlickR:Johan V.

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Jeux en ligne, ne nous alarmons pas http://owni.fr/2010/02/04/jeux-en-ligne-ne-nous-alarmons-pas/ http://owni.fr/2010/02/04/jeux-en-ligne-ne-nous-alarmons-pas/#comments Thu, 04 Feb 2010 16:39:35 +0000 Samuel (Authueil) http://owni.fr/?p=7674

Le Sénat examine très prochainement le projet de loi sur les jeux en ligne, avec la question du filtrage qui passionne le monde de l’internet. Le site Numérama s’excite et pcinpact s’interroge autour d’un amendement d’Ambroise Dupont, rapporteur pour avis, qui entend sortir le juge du dispositif. Cette agitation est un peu vaine, car cet amendement n’a strictement aucune chance de prospérer !

La commission saisie au fond, c’est la commission des Finances. Avant d’être une question de “culture”, les jeux en ligne, c’est une affaire de gros sous. C’est donc le texte issu de la commission des finances qui servira de base à la discussion en séance publique. Les amendements de la commission des affaires culturelles seront des amendements parmi d’autres, qui auront peut être un petit peu plus de poids du fait qu’ils ont été adoptés par une commission.

Ce qui compte, c’est le point de vue du rapporteur de la commission des Finances, François Trucy, qui est exprimé ici. Il est pour le maintien du juge dans le dispositif. Son argumentation est un peu différente de celle des députés, mais finalement assez complémentaire. Pour lui, la décision du conseil constitutionnel sur hadopi, qui érige l’accès à internet en “droit constitutionnellement protégé” est un peu fragile pour justifier, à elle seule, que l’on ne puisse confier qu’au juge le filtrage ou le blocage de sites internet. Par contre, il relève que cette décision implique de qualifier juridiquement des faits, et que dans le domaine pénal, c’est quand même nettement mieux de confier cela à un juge, qui s’y connaît bien mieux là dessus qu’une autorité administrative. C’est plutôt une bonne argumentation, car cela pose un deuxième verrou.

Le gouvernement étant favorable à l’intervention du juge, le rapporteur sur le fond l’étant aussi, cela laisse bien peu de place pour ce cher Ambroise Dupont. Quelle mouche a bien pu le piquer, surtout qu’il ne se contente pas d’un amendement. Il propose aussi d’exonérer complètement les FAI de leur responsabilité en cas de surblocage. Allez y, lâchez vous, sortez l’arme nucléaire, vous êtes couverts ! Vous pensez bien que les FAI vont se gêner. Ils vont utiliser les techniques qui leur causent le moins d’inconvénients. Je pense que le sénateur Dupont a été chargé de “faire plaisir” aux différents lobbies qui se sont manifestés sur le sujet, en déposant leurs amendements, afin qu’ils puissent être débattus. Mais le fait qu’ils soient portés par le rapporteur pour avis (secondaire) et non par le rapporteur sur le fond (principal) est significatif. Ils ne passeront pas.

Le jeu parlementaire est parfois très subtil, car il consiste à rechercher en permanence des équilibres, à gérer des intérêts et des demandes contradictoires, tout en restant dans le cadre juridique et constitutionnel, et en respectant, un tant soit peu, l’intérêt général. Pas toujours évident, d’où des chemins parfois tortueux et obscurs pour les profanes.

» Article initialement publié sur Authueil

» Illustration de page d’accueil par gilderic sur Flickr ]]> http://owni.fr/2010/02/04/jeux-en-ligne-ne-nous-alarmons-pas/feed/ 1 Rien appris, rien compris http://owni.fr/2010/02/03/rien-appris-rien-compris/ http://owni.fr/2010/02/03/rien-appris-rien-compris/#comments Wed, 03 Feb 2010 13:24:41 +0000 Samuel (Authueil) http://owni.fr/?p=7615

J’ai assisté hier soir à la réunion du fan club de l’hadopi, présidé par les inénarrables Franck Riester et Frédéric Lefebvre. Il y avait là tout le gratin de l’industrie culturelle, que ce soit la musique, le cinéma, les ayants droits, bref, le lobby à l’origine d’hadopi. Il était question du rapport Zelnik. Ce dernier était présent, en compagnie de son compère Jacques Toubon (que l’on a bien fait de mettre à la retraite, au vu de sa prestation d’hier soir). Ce fut très instructif.

J’ai assisté à des repas du même club avant et pendant les discussions Hadopi. C’était tout pareil, sauf qu’au lieu de fustiger ces salauds d’internautes qui téléchargent sans payer, hier soir, c’est Google qui en prenait plein la gueule. Toujours les mêmes rengaines sur l’industrie culturelle qui serait au bord du dépôt de bilan (alors que le son de cloche était un peu différent la semaine précédente au Midem, quand il s’agissait de communiquer en direction des investisseurs…), toujours cette recherche d’un bouc émissaire extérieur afin de ne pas se remettre en cause. Et toujours ces solutions techniquement irréalistes, ressassées sur l’air du “yaka-faut qu’on”, avec une palme pour Jacques Toubon et son “mais qu’est ce qu’ils foutent à Bercy, ils devraient déjà nous avoir sorti la taxe google”. Visiblement, la leçon hadopi ne leur a servi à rien. Ils se sont pris le mur de la réalité en pleine figure, et ils redémarrent à plein tube pour, une fois de plus, se crasher.

Hier soir, les gens de Google étaient sereins. L’essentiel de l’activité de Google en Europe est fiscalement domiciliée en Irlande, Google France ne touchant que quelques commissions, rien de réellement taxable. C’est légal et juridiquement béton. Bercy a déjà essayé de gratter (vous pensez bien) et n’a rien trouvé à redire. C’est bien pour ça que Bercy n’a rien sorti : la taxe Google est techniquement impossible. Et comble de malheur pour les hadopistes, l’Union Européenne vient de fermer une autre porte en recalant la taxe sur les FAI qui avait été instituée pour financer France télévision après l’arrêt de la publicité. Si on ne peut pas faire payer les internautes, Google ou les FAI, vers qui peut on se tourner ?

La réponse est évidente : l’Etat et ce cochon payeur appelé contribuable ! C’est d’ailleurs la deuxième mamelle du rapport Zelnik. Et il en a été question hier soir, avec la fameuse “carte musique”, en partie financée par l’Etat pour solvabiliser les jeunes et les habituer à acheter ce qu’ils téléchargeaient gratuitement jusqu’ici. A entendre ces chers hadopistes, c’est la réponse à tous leurs problèmes, ce qui sauvera leur industrie. Je suis un peu plus dubitatif. Ce cadeau fiscal ressemble à s’y méprendre à une aide directe, et j’attends la position de Bruxelles. Si jamais la commission européenne laisse passer, peut être bien que le conseil constitutionnel censurera, sur la base de la rupture d’égalité, car cette carte sera réservée aux jeunes. Pourquoi seulement eux ? Après tout, moi aussi, j’aimerais bien que l’Etat me paie la moitié de la musique que j’achète sur internet. La motivation de cette mesure, qui est d’inciter une partie de la population à consommer certains produits, m’apparait difficilement entrer dans le cadre des missions de l’Etat qui peuvent être financées par le contribuable. A ce régime là, j’en connais des professions qui vont venir demander à ce que le budget de l’Etat solvabilise leur clientèle !

Le lobby des industries culturelles est toujours en plein délire, avec un aveuglement assez inouï sur ses propres responsabilités et un refus toujours aussi fort de se remettre en question. Les demandes auprès des pouvoirs publics sont toujours aussi exorbitantes et irréalistes. Sauf que cette fois, le pouvoir politique ne sera pas aussi généreux qu’en 2007. Si Nicolas Sarkozy a dit oui (ou fait mine de dire oui), il a imposé quelques contreparties assez amères pour certains, comme la mise en place d’une gestion collective des droits musicaux dans le numérique. Aux échos que j’ai, il y aura nettement moins d’ardeurs législatives, cette fois ci, pour répondre aux demandes de ce lobby, qui a grillé une bonne partie de son crédit auprès des parlementaires avec la loi hadopi.

» Article initialement publié sur Authueil

» Illustration par b00nj sur Flickr

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A quoi me sert Twitter http://owni.fr/2010/01/12/a-quoi-me-sert-twitter/ http://owni.fr/2010/01/12/a-quoi-me-sert-twitter/#comments Tue, 12 Jan 2010 10:24:57 +0000 Samuel (Authueil) http://owni.fr/?p=6929

Cela fait un certain temps que je suis sur Twitter. Comme beaucoup (la plupart même), je me suis longtemps demandé à quoi pouvait bien servir cet outil. J’ai mis beaucoup de temps à trouver la réponse, car quand on ne sait pas ce qu’on cherche, on ne risque pas de le trouver.

La première chose qu’il faut se demander, c’est “quel besoin”. Twitter est un outil qui peut répondre à certains besoins, pas à tous. Si on lui demande ce qu’il ne peut pas donner, on sera forcement déçu. On le sera aussi si on ne fait pas ce qu’il faut pour bien utiliser l’outil, qui peut se révéler plus ou moins chronophage et surtout addictif.

Twitter me sert à plusieurs choses.

D’abord à bavarder. Twitter, c’est du chat, et c’est cet usage qui est très addictif, car il faut suivre en permanence. Difficile de répondre à la volée à un twitt posté 24 heures plus tôt. Il faut être dans l’immédiateté. La barrière des 140 caractères n’est pas un problème, bien au contraire, ça oblige à suggérer (par un hashtag par exemple), à mettre du lien, de l’image. Plus besoin de faire une chaine de mail pour envoyer les images amusantes et autres trouvailles. On poste le lien, qui tourne sous forme de Retwitt. Ca permet de suivre un peu l’ambiance dans différentes communautés (les journalistes web, les blogueurs politiques…)

Twitter, c’est aussi de la veille. Là c’est plus sérieux, car pour moi, c’est l’utilité première de Twitter. J’y participe en tant que “récepteur” d’information mais aussi comme “émetteur”. Je me suis abonné à certains fils qui me paraissent pertinents, et je m’aperçoit qu’avec finalement assez peu de veilleurs, on arrive à avoir quasiment toute l’information pertinente. Mes centres d’intérêts tournent bien évidemment autour de la politique, du droit, de la communication (où j’inclus toutes les problématiques liées à la presse et au journalisme). Parmi les comptes que je suis (désolé pour ceux qui n’y sont pas, mais il faut faire des choix), il y a Astrid Girardeau, enikao, Calimaq, Ls01, François Guillot, Narvic.

Twitter n’est vraiment utile qu’a partir du moment où on a un certain nombre d’abonnements dans la “communauté” pertinente. Attention à ne pas en avoir trop non plus, car on est vite noyé dans le flot, surtout aux heures de pointe. Cela demande aussi d’y aller quotidiennement, sinon, on perd vite le fil. Le flux sur twitter est très rapide et remonter trop loin en arrière peut s’avérer fastidieux, sauf si on a des listes bien conçues. Et là, c’est un autre problème, car si seulement tout le monde se contentait de n’être que la petite étiquette qu’on lui a collé sur la tête.

L’outil est intéressant, complémentaire du blog. Il le restera tant que les communautés qui m’intéressent y sont. Le jour où ça migre vers une autre plate-forme, il faudra suivre. Finalement, ce qui compte, ce n’est pas l’outil mais les gens qui sont derrière. Je pense qu’on a un peu trop tendance à l’oublier.

» Article initialement publié sur Authueil > les commentaires valent le détour /-)

» Illustration par Matt Hamm sur Flickr

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Hadopi la mort-née http://owni.fr/2009/12/29/hadopi-la-mort-nee/ http://owni.fr/2009/12/29/hadopi-la-mort-nee/#comments Tue, 29 Dec 2009 07:10:18 +0000 Samuel (Authueil) http://owni.fr/?p=6499 La structure Hadopi se met progressivement en place, un peu dans la douleur, il faut le reconnaître. Cette nouvelle autorité administrative a des locaux, un collège de membres. C’est maintenant qu’on va commencer à se marrer, car c’est le plus facile qui a été fait.

Il reste encore quelque tuyaux à monter dans l’usine à gaz, et visiblement, les ouvriers chargés de la tâche rechignent. La CNIL vient de suspendre son avis sur un décret dans l’attente d’avoir un autre projet de décret. Elle estime à juste titre ne pas pouvoir donner son accord sur le fichage des internautes fautifs si elle n’a pas le décret définissant qui sont les internautes fautifs. Cette décision est technique, mais le fait que la CNIL a jugé bon de communiquer là dessus est par contre très politique. Elle aurait pu attendre gentiment que le gouvernement lui communique le texte, dans une relation de confiance. On est davantage dans la méfiance et la crainte par la CNIL d’une entourloupe du gouvernement.

Les décrets déjà publiés ne sont pas bien méchants, mais ceux qui vont suivre ne vont pas manquer d’être attaqués devant le Conseil d’État. Ils ont intérêt à être en béton armé, car je ne suis pas du tout certain de la bienveillance du Conseil d’Etat vis-à- vis d’Hadopi. Lors du passage du texte devant le Parlement, on avait à faire à un 38 tonnes lancé à pleine vitesse. Toute remarque rationnelle ou juridique n’était pas de mise. Le Conseil constitutionnel a été le seul à pouvoir freiner le convoi et à en limiter la dangerosité, mais sans réussir à l’arrêter. Il était donc inutile d’intervenir à ce moment-là, la meilleure attitude étant encore de se taire et de laisser passer le poids lourd. C’est ce qu’ont fait avec intelligence Fillon et NKM, ainsi que nombre d’intervenants “officiels” du monde de l’internet qui se sont tus mais n’en pensaient pas moins. C’est maintenant que l’orage politique est passé qu’ils vont pouvoir entrer en action, chacun à sa place, pour gripper et paralyser le processus de mise en place de l’Hadopi. C’est la CNIL qui ouvre le bal, d’autres suivront. Aucun cadeau ne sera fait !

Hadopi ne sera pas au bout de ses peines une fois complètement mise en place. Tout ce qui pouvait être dit sur les risques l’a été pendant les débats à l’Assemblée nationale. L’adresse IP n’étant pas une donnée fiable, il y aura des erreurs, des soucis. En ce moment par exemple, je tape cet article à partir d’une connexion Wi-Fi qui n’est pas la mienne, et qui n’est pas sécurisée. Obliger l’ensemble des titulaires d’un accès internet à le sécuriser ne va pas se faire du jour au lendemain, surtout quand la personne accusée pourra prouver qu’elle n’est en rien coupable (du genre téléchargement par l’accès wifi d’une entreprise un dimanche soir, quand il n’y a aucun salarié dans les locaux, mais des voisins de l’immeuble qui se connectent…). L’entreprise pourra se dédouaner, mais on ne pourra pas l’obliger à rechercher le vrai coupable. Je suis à peu près certain que des petits malins vont s’amuser à faire en sorte que l’Hadopi poursuive une imprimante ou un vieux rossignol bien incapable de télécharger quoique ce soit.

C’est là que les juges vont intervenir. Je ne sais pas du tout ce qu’ils pensent de l’Hadopi, du rôle qu’ils doivent jouer. A mon avis (qui n’engage que moi), ils ne vont rien changer à leur pratique actuelle. Car les juges sanctionnent déjà pour des téléchargements illégaux. Il y a eu des condamnations, parfois lourdes. Mais à chaque fois, il y a eu des investigations autres qu’un simple relevé d’adresse IP et ceux qui tombaient étaient des gros téléchargeurs (800 films, ce n’est pas pour la consommation personnelle). La menace judiciaire existera toujours, mais je doute que les magistrats fassent souvent appel à la boite à outils que leur donne l’Hadopi. Cette dernière sera transformée en une machine à faire peur aux enfants, à spammer et finalement, aura le même sort que l’Autorité de régulation des mesures techniques, créée par DADVSI, qui a tellement peu servi qu’on en a repris les membres pour l’Hadopi.

Cerise sur le gâteau, le monde d’internet est en train de reprendre la main. C’est encore timide, mais ça vient. Des réflexions sont en cours sur le droit à l’oubli, qui ne manqueront pas de télescoper la logique de l’Hadopi et surtout ses bases techniques. Dans la proposition de loi des sénateurs Yves Détraigne et Anne-Marie Escoffier sur le droit à l’oubli, l’article 2 propose que l’adresse IP devienne une donnée personnelle. C’est un petit exemple de la contre-offensive qui se prépare, où sans le dire, les spécialistes de l’internet vont reconfigurer le système pour saper complètement les dispositifs mis en place par les industries culturelles, qui n’y verront que du feu ou s’en rendront compte trop tard. Elles sont d’ailleurs en train de creuser leur tombe avec la mission Zelnik et les propositions de taxer les FAI, les transformant ainsi en alliés des internautes dans ce nouveau combat.

» Article initialement publié sur authueil.org

» Illustration via ngernelle sur Flickr

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