OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Les barbouzes de l’e-réputation http://owni.fr/2012/04/24/une-cyberguerre-contre-usa-today/ http://owni.fr/2012/04/24/une-cyberguerre-contre-usa-today/#comments Tue, 24 Apr 2012 16:35:18 +0000 Rodolphe Baron http://owni.fr/?p=107570 USA Today ont été victimes d'une violente campagne de dénigrement sur Internet, afin de les décrédibiliser, avant publication de leur article.]]>

Aux États-unis, deux journalistes du quotidien USA Today ont lancé un pavé dans la mare. Ils affirment avoir été la cible d’une campagne de dénigrement visant à détruire leurs réputations professionnelles sur la toile. Leur tort, avoir enquêté sur des sociétés privées, suspectées d’être employées par le département américain de la défense pour mener une guerre de propagande.

Début 2012, Tom Vanden Brook et Ray Locker s’engagent sur un terrain miné : les campagnes de propagande menées en Afghanistan ou en Irak par des cabinets de communication spécialisés travaillant pour le Pentagone.

Ces “psyops” sont comparables à des opérations d’influence, voire de manipulation, réalisées auprès des populations des pays dans lesquels est déployée l’armée américaine afin d’influencer la population par le biais de messages de propagande voire de manipuler l’opinion public pour faciliter les opérations militaires. Les deux journalistes supposent que la facture de cette guerre de propagande pourrait être salée pour le contribuable.

Compte-tenu du secteur au sein duquel leur enquête évolue, les deux journalistes sont repérés dès les premières prises de contact avec les sociétés engagées dans le programme du Pentagone, comme Leonie Industries qui a passé de juteux contrats avec l’US Army. Le sujet est suffisamment sensible pour que soit décidé de calmer ces deux journalistes un peu trop fouineurs.

Ainsi, le 7 janvier dernier, seulement deux semaines après les premiers coups de fils, les sites TomVandenBrook.com puis RayLocker.com sont créés. Rapidement, des comptes Facebook et Twitter eux aussi faux, viennent compléter le dispositif de propagande.

Ceux qui s’en prennent aux deux journalistes possèdent suffisamment de compétences en informatique pour masquer leurs identités à grands coups de serveur proxy et utilisent des adresses fictives localisées dans le Colorado. Les deux faux-sites s’emploient à altérer les réputations des vrais Tom Vanden Brook et Ray Locker en les accusants de travailler pour le compte des talibans. Cette première “e-agression” confirme au tandem qu’il se trouve sur une piste certes sinueuse mais néanmoins prometteuse. Ils décident de poursuivre.

Devant la témérité des gêneurs, une deuxième salve est tirée sur Vanden Brook, le 8 février 2012. Une page Wikipédia portant le nom du journaliste est créée et relaye de fausses informations sur son passé professionnel en lui attribuant, à tort, “une notoriété mondiale” pour “sa désinformation” dans la catastrophe de la mine de Sago.

Six années auparavant, en janvier 2006, une explosion a lieu dans une mine de charbon à Sago en Virginie-Occidentale piégeant treize mineurs sous terre. Un rapport contenant des informations erronées est remis au responsable de la mine puis transmis au USA Today ainsi qu’au New York Times. Pris dans la confusion,Vanden Brook annonce que douze mineurs sont sauvés. En réalité, seul un mineur en ressortira vivant.

Pour parfaire la manoeuvre, les auteurs du stratagème utilisent le faux compte Twitter de Vanden Brook (@TomVandenBrook) pour simuler la réaction et la défense du journaliste au sujet de l’accusation en s’arrangeant pour l’enfoncer encore un peu plus. Contacté par OWNI, Ray Locker, nous a expliqué que sa hiérarchie lui avait demandé de ne plus s’exprimer sur cette affaire. Dans une récente interview, il déplorait la manière dont l’histoire a été utilisée pour nuire à Vanden Brook :

Ils se sont servis de cette affaire pour tenter d’ébranler sa crédibilité. En 30 ans, je n’ai jamais vu cela.

Les comptes Twitter, Facebook ainsi que tous les sites internet usurpant les identités des deux journalistes ont été fermés depuis. L’affaire pourrait remonter jusque dans les plus hautes sphères de l’Etat. USA Today n’exclue pas que les sites internet en question aient été lancés avec le soutien financier de fonds fédéraux. Un tel financement, en plus de poser la question des atteintes à la liberté de la presse aux États-Unis, violerait la loi fédérale américaine prohibant “la propagande à des fins domestiques”.

L’enquête des deux journalistes a été publiée le 29 février. Elle a révélé que le Pentagone avait versé des centaines de millions de dollars à ces entreprises privées pour qu’elles diligentent des opérations de “guerre psychologique“. Le Pentagone a assuré à l’AFP ne “pas être au courant” de telles activités de la part des contractuels qu’il emploit.

De son côté, Ray Locker préfère regarder cette affaire avec philosophie :

Je pense que c’est bien que nous ayons porté l’attention sur elle [la propagande NDLR]. Je suis content que les gens qui travaillent avec moi me soutiennent.


Illustration par PropagandaTimes (cc)

]]>
http://owni.fr/2012/04/24/une-cyberguerre-contre-usa-today/feed/ 14
Qui a peur du grand méchant Twitter? http://owni.fr/2011/08/03/qui-a-peur-du-grand-mechant-twitter/ http://owni.fr/2011/08/03/qui-a-peur-du-grand-mechant-twitter/#comments Wed, 03 Aug 2011 13:20:00 +0000 Erwann Gaucher http://owni.fr/?p=75284 Twitter ou ne pas twitter, telle est désormais la question dans bon nombre de rédactions. Et l’on réclame des chartes, des guides, bref, tout un arsenal car, au fond, beaucoup de journalistes ont la trouille du numérique, des réseaux sociaux en général et de Twitter en particulier. Pourquoi ?

Sur Twitter, le journaliste est à poil devant ses lecteurs

Twitter n’est pas un outil corporate destiné à faire la publicité du média pour lequel on travaille, ce n’est pas une page Facebook gérée par un community manager ou un jeune journaliste un peu geek (souvent en CDD)… Non, sur Twitter, le journaliste est tout seul. Pas de médiateurs comme on les aime tant dans les rédactions, personne pour sélectionner les commentaires les plus intelligents, les plus constructifs ou ceux qui permettent opportunément de mettre en valeur le formidable travail des journalistes. Non, sur Twitter, le journaliste est à poil devant ses lecteurs. Il lui faut répondre lui-même, expliquer, débattre, argumenter, connaître son sujet. Il y fera face à des argumentations parfois pertinentes, retorses, idiotes ou provocatrices.

Bref, sur Twitter, les journalistes sont devant leurs lecteurs. Et ça, pour un certain nombre d’entre nous, c’est une petite révolution. Car mine de rien, et sans paraphraser Desproges, on peut faire une brillante carrière de journaliste sans rencontrer ses lecteurs. C’est même souvent plus confortable pour tout avouer. On rencontre des collègues, des élus, des communicants, des chefs d’entreprises, des syndicalistes, des présidents d’associations, bref, tous ceux qui ont un rôle “officiel” et qui, d’une façon ou d’une autre, doivent communiquer. Mais des lecteurs, ceux qui chaque jour, chaque semaine, déboursent quelques euros pour nous lire, pas si souvent que ça, et c’est un euphémisme.

Partout dans le monde, Twitter questionne le journalisme

Twitter casse les codes du respect dû aux anciens

(ou comment s’y faire tutoyer par des petits cons)

Du coup, lorsqu’il n’y a pas de filtre, la plèbe se lâche et oublie parfois le respect dû non seulement aux aînés mais aussi et surtout aux journalistes ! On s’y fait tutoyer comme n’importe quel quidam, ce que tout le monde n’est pas prêt à supporter :

Et l’on a beau être un journaliste expérimenté, reconnu, travaillant dans un média national, on se retrouve parfois à devoir débattre avec des gamins à peine sortis de l’école de journalisme et qui, en plus, ont des avis bien arrêtés ! Mais si certains ne l’acceptent pas, d’autre savent se prêter au jeu :

Sur Twitter, les erreurs sont plus vite repérées

L’avantage d’écrire dans le journal ou de causer dans le poste, c’est qu’on y est seul et que ceux qui nous lisent ou nous écoutent le sont souvent aussi. Bref, c’est chacun chez soi et Dieu pour tous.

Du coup, quand une erreur, une approximation ou une superbe connerie se glisse dans un article (si,si, ça arrive je vous jure), les dégâts sont limités. Rien ne dit que le lecteur / téléspectateur esseulé va la repérer et si c’est le cas, il grommelle dans son coin sans plus. Seuls quelques très motivés, les ronchons de service, iront allumer leur ordinateur (ou pire, prendre leur plume) pour envoyer un commentaire ou une correction bien sentie.

Pas de quoi faire trembler un journaliste. Pour peu que ce commentaire soit accompagné d’une réflexion acide ou d’un trait d’humour un peu trop féroce, il a de fortes chances de rester bloqué dans l’une des barrières érigées au fur et à mesure que les lecteurs essayent de prendre la parole.
Au pire du pire, le commentaire sera bien en ligne, mais noyé au milieu des autres tout en bas de l’article en question (comme sur mon blog) et si le courrier de lecteurs paraît (en petit, sans photo et dans une mise en page austère), on lui fera une réponse cinglante et sans retour à l’envoyeur possible.

Sur Twitter, rien de cela. Quand un journaliste écrit une connerie, il est à peu près certain qu’elle sera repérée et que cela se répandra comme une traînée de poudre. Moi le premier :

Pire, certains ne se contentent plus de relever les erreurs et de le dire, ils utilisent carrément les réseaux et les blogs pour dénoncer méthodiquement les articles idiots. C’est ainsi que François Hauter, journaliste au Figaro, a pu voir l’un de ses articles vertement critiqué par deux journalistes-blogueuses, Virginie Lominet (@laristocraft) :

et Gaëlle-Marie Zimmermann (@LaPeste) :

Elles ne se sont pas contentées de pester dans leur coin contre cet article hautement critiquable, mais ont publiquement pris à parti le journaliste sur leurs blogs et sites respectifs, Le Plus et Twitter, rendant ainsi leurs réponses publiques et très diffusées (elles comptent à elles-deux un peu plus de 7 000 followers et les deux billets doivent totaliser au moins 10 000 lectures).

Sur Twitter, on ne lave plus notre linge sale en famille

Sur Twitter, les journalistes parlent entre eux, ce qui n’a rien de révolutionnaire (encore que…). Comme dans n’importe quelle rédaction normalement constituée (là aussi, encore que…) ils débattent entre eux, n’y sont pas d’accord, et parfois même s’y engueulent un peu sur des sujets importants. Mais cette fois, c’est en public et les internautes peuvent intervenir, réfuter, abonder, s’en foutre ou participer.

Lorsque Johan Hufnagel, co-fondateur de Slate.fr, Jean-Christophe Féraud de Libération, Eric Mettout de L’Express.fr, Fabrice Arfi et Christope Gueugneau de Médiapart se lancent dans une discussion journalistique de fond (est-il de la responsabilité des médias de reprendre une bonne info sortie par un confrère/concurrent ?), les arguments volent, le ton monte parfois et les échanges sont vifs. Mais cela ne se fait pas dans le secret d’une salle de réunion ou d’un bistrot, mais “en public” ou presque.

C’est risqué (un peu), passionnant (souvent), inutile (parfois) et inédit dans une profession habituée à ne jamais ouvrir ses portes au public pour autre chose que pour les auto-célébrations de ses anniversaires (“il est beau mon n° 1000, regardez comme on est forts”).

Lire de bas en haut et de gauche à droite

Twitter? Bonjour les emmerdes !

En résumé, pour les journalistes, le numérique, les réseaux et Twitter en particulier, ce ne sont que des emmerdes. Il faut y parler avec des lecteurs ou des internautes qui se permettent de vous y tutoyer, il faut s’y justifier, faire attention à ce qu’on y écrit sous peine d’être repris, corrigé, “clashé”. Et même entre confrères on n’est plus tranquilles.

Non, vraiment, pourquoi utiliser les réseaux ? Pourquoi aller sur Twitter ?

Exactement pour les mêmes raisons, justement.

Sur Twitter, on rencontre des lecteurs, des internautes, et c’est ça qui est passionnant

Et comme le dit Eric Mettout dans l’un de ses derniers billets, “les journalistes ont longtemps fait comme si leurs lecteurs n’existaient pas – pour être exact : une majorité de journalistes font toujours comme si les lecteurs n’existaient pas. Tâcher de savoir qui ils sont, ce qu’ils pensent, comment ils réagissent, d’où ils viennent, pourquoi ils viennent, ou ne viennent pas, entrer en contact avec eux, leur donner la parole, voire quelques clés, ce n’est pas se soumettre aux lois du plus grand nombre et du plus petit dénominateur commun, c’est reconnaître qu’on n’envoie pas nos articles dans le cosmos mais sur une planète pleine de gens bizarres qui nous lisent – ou dont on aimerait bien qu’ils nous lisent “.

Échanger, réfléchir, débattre librement entre journalistes et lecteurs, cela vaut bien un tutoiement intempestif non ?

Sur Twitter, pas de barrières.

Pour les journalistes, et particulièrement pour les jeunes journalistes, c’est une opportunité nouvelle. Pour la première fois, un journaliste débutant peut dialoguer facilement et comme il le souhaite avec des confrères expérimentés, des rédacteurs en chefs de médias nationaux, échanger avec lui, ne pas être d’accord, apprendre.

Pour les journalistes qui travaillent seuls ou presque, et ils sont un paquet (pigistes, correspondants, dans les agences locales des grands journaux de PQR, médias dans lesquels les conférences de rédaction sont réduites à leur plus simple expression…), les réseaux sont aussi une formidable occasion d’échanger, réfléchir, discuter entre confrères. Cela vaut bien un petit tutoiement intempestif envers nos glorieux (hum…) aînés non ?

Sur Twitter, les erreurs sont vite repérées.

Tant mieux ! Chaque année, l’enquête de nos confrères de Télérama nous le rappelle : une grande majorité du public n’a pas confiance en nous. Nous faisons, et c’est normal, des erreurs dans tous nos journaux, dans toutes nos éditions. Mais nous crevons de ne pas les reconnaître et d’avoir tant de mal à les corriger.
Arrêtons de nous planquer derrière des droits de réponses à envoyer dans-les-délais-par-recommandé-avec-accusé-de-réception-et-pas-au-journaliste-qui-a-signé-mais-au-directeur-de-publication-sinon-mon-pauvre-monsieur-on-ne-peut-pas-le-passer.

On a écrit une connerie, une approximation ? Ce n’est ni la première, ni la dernière, nous ne sommes pas des spécialistes de tous les sujets que l’on traite et heureusement. Alors, écoutons ce que les autres ont à nous dire, prenons leurs réflexions en compte, corrigeons si besoin. Tout le monde en sortira gagnant.

Sur Twitter, on ne lave plus notre linge sale en famille.

Ça tombe bien, il semblerait que notre lessive ne soit pas très efficace… La presse généraliste va mal depuis 15 ans au moins, les audiences des JT s’effritent presque toutes, le public se défie des journalistes plutôt que de leur faire confiance. Bref, les débats que nous tenons (ou pas) dans le secret de nos salles de rédaction ne semblent pas avoir été suffisants pour trouver la formule magique. Que risquons-nous à, de temps en temps, parler de tout ça en public ?

Twitter n’est ni le paradis ni l’enfer des journalistes. On peut très bien vivre sa vie de journaliste sans y être, on peut considérer (parfois légitimement) que cela prend trop de temps. Il n’y a, heureusement, pas de règle absolue et rien n’oblige un journaliste à aller sur Twitter et sur les réseaux sociaux. Mais lorsqu’on décide de les utiliser, on peut en retirer des choses très intéressantes pour faire son métier de journaliste à condition d’accepter de se mettre (un peu) en danger et de parler aux autres, n’en déplaise aux ronchons de tous poils !


Article initialement publié sur Cross Media Consulting, sous le titre “Pourquoi Twitter fait-il tellement peur à certains journalistes ?”

Illustrations CC Flickr cdharrison,luc legay, 200moremontrealstencils

]]>
http://owni.fr/2011/08/03/qui-a-peur-du-grand-mechant-twitter/feed/ 20
[ITW] J-M Charon: “Les médias français n’ont pas de culture de recherche et développement” http://owni.fr/2011/05/03/itw-jean-marie-charon-medias-francais-innovation/ http://owni.fr/2011/05/03/itw-jean-marie-charon-medias-francais-innovation/#comments Tue, 03 May 2011 15:30:40 +0000 Céline Sawalski http://owni.fr/?p=60496 Le sociologue des médias Jean-Marie Charon a publié en mars La presse en ligne aux éditions La découverte. L’occasion pour OWNI de faire un état des lieux de l’évolution des sites de médias.

Vous critiquez l’approche trop “homogène” qu’avait Xavier Ternisien, journaliste spécialiste des médias au Monde, des rédactions web. Vous avez publié en mars une enquête sur la presse en ligne, quelles sont vos principales observations ?

Ma première enquête doit dater de 2009. J’en ai discuté avec Xavier Ternisien après son article. Sur le web, la typologie est plus riche en terme de formes éditoriales et de types de journalistes. Il n’y a pas seulement des journalistes de desk  mais aussi des journalistes qui font de l’information multimédia beaucoup plus évoluée et trouvent des nouveaux modes de traitement, comme Ternisien avait pu le décrire. Chez Rue89 et Mediapart, on retrouve aussi des fonctions journalistiques plus traditionnelles et intégrées dans l’univers du web, des enquêteurs, des éditorialistes, des intervieweurs, qui sont issus de la presse traditionnelle.

La presse régionale travaille très différemment. Les journalistes dédiés à de la production imprimée peuvent dans le même temps s’impliquer sur le web. Le journaliste devient un journaliste Shiva qui va sur le terrain et multiplie les compétences. Et enfin, les rédactions pure-players qui ne se sont pas positionnées sur le traitement de l’information chaude et qui ont plutôt recherché des lignes éditoriales complémentaires. Par exemple, Slate se présente comme un magazine et non comme un média d’info d’actualité.

Jean-Marie Charon

Les pure-players se multiplient. Atlantico.fr a été lancé le 28 février. Cette diversité vous semble t-elle viable étant donnée la difficulté des sites à trouver un modèle économique ?

Il faudra répondre au cas par cas. Ces sites ont une identité éditoriale forte et ne trouveront des ressources que s’ils ont un public suffisamment motivé pour participer soit sous forme d’abonnement (comme pour Mediapart), soit sous d’autres formes. Rue89 a travaillé sur le lancement d’une plateforme de don, J’aime l’info. Lorsque ces sites tentent de diversifier leurs activités en développant du service (e-commerce), il y a en face des concurrents très forts. Seule la motivation des lecteurs pour se rendre sur ces sites d’info participera de leur projet éditorial. Il faut qu’il y ait une motivation supplémentaire, c’est là que ça va se jouer.

On va voir apparaître des modèles moins présents dans la presse généraliste, avec des activités un peu hybrides.

Les rédactions se diversifient et développent des nouvelles activités: formation, organisation d’événements. C’est une pratique qui se fait beaucoup en presse professionnelle et technique où les chiffres d’affaires sont issus à 20, 30% d’activités annexes (salons, séminaires). C’est ce qu’indique le modèle développé par Rue89.

Pourquoi y a t-il autant de pure-players en France, ce qui n’est pas le cas du reste de l’Europe ?

Les sites d’actualité rattachés à des médias traditionnels ont été moins créatifs que des sites comme le Guardian ou le New York Times. Le Figaro.fr et Le Monde.fr ont des contenus qui se ressemblent et qui ne donnent pas l’image d’une recherche permanente d’innovation. Du coup, cela n’a-t-il pas créé des espaces de recherches d’innovation qui ont été couverts par des pure-players ? Autre facteur, la France a connu une énorme crise de l’emploi dans les médias, et en particulier dans la presse quotidienne. Des journalistes compétents, actifs, qui ont quitté leurs rédactions, ont tenté quelque chose.

Contrairement aux pays anglo-saxons où l’on débarque des dizaines de journalistes qui partent avec rien, en France, quelle que soit l’ancienneté, il est possible de partir avec des indemnités. Il va y avoir au Monde des nouvelles clauses de cession, je suis sûr que l’on va retrouver quelques-uns des journalistes dans les « pure-players », s’ils n’en créent pas eux-mêmes. Que ce soit Slate, Rue89, Mediapart ou Arrêt sur Images, dans les quatre cas ce sont des animateurs de projets issus de la presse écrite. Grâce à cette possibilité de partir avec beaucoup d’argent, certains se sont dit: profitons-en et créons des médias sur de nouveaux supports, c’est beaucoup moins cher.
Aussi, la presse magazine a montré qu’il était encore possible de créer des médias. Avec de petites équipes, des idées et quelques fonds, on peut encore lancer des projets. Ce n’est certainement pas un modèle évident en Allemagne ou en Grande-Bretagne, où la création de médias appelle des capitaux importants et des structures lourdes.

Deux pure-players ont échoué à l’étranger, même s’ils avaient des journalistes qualifiés, parce qu’ils n’avaient pas la possibilité de mettre des fonds personnels. Ils dépendaient uniquement de fonds d’investissement, et quand ceux-ci ont eu l’impression que l’info n’était peut-être pas ce qu’il y a de plus rentable sur le web, ils ont laissé tombé. Ça a été le cas pour soitu.es en Espagne et Netzeitung.de en Allemagne.

Le site espagnol Soitu.es n'est pas parvenu à s'imposer comme un pure-player.

Pourquoi les sites d’info adossés à des médias n’ont-ils pas pris le même chemin que leurs équivalents anglo-saxons ?

Cela doit beaucoup au problème de faiblesse structurelle de la presse française. Elle n’a pas les moyens financiers pour des développements de cette envergure. Il n’y a pas de culture de recherche et développement, les médias français ne sont pas assez habitués à travailler sur des maquettes, sur des pilotes, dans des laboratoires. C’est Nicolas Voisin qui dit que OWNI sert de laboratoire pour la profession.

On aurait tout à fait pu imaginer qu’un groupe comme Lagardère ou Le Monde Interactif crée un vrai laboratoire. Le Monde Interactif a essayé, avec Le Post.fr, mais ça a tourné court. Cela n’a pas été maîtrisé, ils ont été incapables de l’assumer et d’en faire quelque chose. Bruno Patino avait essayé de faire passer ses idées dans une période où il y avait certainement un problème de management.

Nous sommes à un moment charnière dans l’établissement des modèles économiques, les sites diversifient beaucoup leurs activités. Quel avenir voyez-vous pour ces modèles hyper-diversifiés ?

La particularité du web, c’est que c’est un média plus flexible et maniable. Je pense qu’on peut avoir une approche de niche. On va voir cohabiter des projets avec des médias financés par des sociétés de services, comme c’est le cas pour OWNI, des projets éditoriaux soutenus par des activités annexes ou par l’abonnement (Mediapart), mais cela ne nous dira rien de la capacité à équilibrer Le Monde.fr ou Le Figaro.fr. La répartition des ressources n’est pas encore connue entre les éditeurs et ceux qui sont les intermédiaires entre l’info et les lecteurs: les moteurs de recherche, les réseaux sociaux, les fournisseurs d’accès à Internet.

Jusqu’à présent tous ces acteurs considèrent qu’ils font leur business dans leur coin et que, bien sûr, c’est mieux d’avoir des fournisseurs de contenu qui attirent les internautes. Mais ce n’est pas leur problème. Cette situation n’est pas éternelle, CNN se dit que sur le web ils ne gagneront jamais d’argent. Si des médias aussi importants que CNN ou le New York Times ne trouvent pas de modèle économique, par l’abonnement ou d’autres moyens, les portails ne pourront pas laisser ces entreprises s’effondrer et perdre en qualité et en fréquence de contenu.

Petit à petit on va certainement voir une division de la relation entre ceux qui ont accès aux publics et ceux qui fournissent le contenu.

Cette question se pose avec l’iPad, entre un fournisseur de matériel et les éditeurs de contenus. D’emblée, avec la répartition 70/30%, l’opérateur abandonne la vision de Google et des FAI. Ces derniers obtiennent des revenus publicitaires et plombent le modèle économique du fournisseur de contenus. On peut imaginer que certains FAI ou Google envisagent un partage des revenus. Cela reste hypothétique.
La presse en ligne perd l’accès direct à son lecteur et dépend de plus en plus des intermédiaires. Il y a les moteurs de recherche, les fournisseurs d’accès, les agrégateurs et maintenant les réseaux sociaux. 50% du trafic de Rue89 vient par exemple de Google ou des recommandations via les réseaux sociaux, 70% arrivent via les agrégateurs chez L’Express.fr. Il y a une perte de cet atout : pouvoir identifier ceux qui viennent chez vous, qui ils sont. Des infos que collectent les fabricants de matériels, les agrégateurs. Cela engendre une perte d’une partie de la recette publicitaire. Si un site comme Rue89 reste en déséquilibre à la fin de l’année, cela deviendra inquiétant.

Les sites qui utilisent un mur payant, tel que celui que vient de lancer le New York Times s’en sortent-ils mieux que les autres ?

Le quotidien anglais Times, qui est passé au tout payant, a perdu 90% de son audience. Eux disent qu’en perdant ce lectorat, mais en gagnant de nouvelles recettes, ils ont atteint un meilleur équilibre qu’avec le modèle précédent. Il y a une contradiction que posent les sites payants, et que posaient moins les sites gratuits: vous ne pouvez pas rendre un site payant sans apporter un contenu à valeur ajoutée. Le Monde.fr ou le New York Times sont confrontés à ce problème: le modèle du papier c’est de ne fournir que de l’information à valeur ajoutée. Faire du contenu à peu près similaire sur le web et espérer que vous allez faire décoller le quotidien est paradoxal.

Il y a un an tout le monde croyait au micro-paiement. Aujourd’hui ce n’est qu’une feuille de plus sur un mille-feuille.

Alors que les modes de ressources des médias traditionnels étaient simples : la publicité, les recettes des ventes; aujourd’hui on va rentrer dans des systèmes où l’on va cumuler des feuilles les unes sur les autres. Certains lecteurs sont très sensibles à des sites qui renvoient vers des sites de e-commerce et perdent confiance en un site d’information. Les régies publicitaires qui s’occupent de sites d’info le disent : le display (les pubs sur le site) ce n’est pas intéressant, tout le monde en fait on ne progressera plus. Les autres moyens sont le financement aux clics et il y a le “sur-mesure” qui consiste, pour une marque, à proposer à un site d’info de faire une Une autour de sa marque. Si un site faisait ça, il perdrait complètement sa crédibilité en terme d’information.

Les initiatives de financement par les dons, le mécénat, sont nombreuses (Propublica, J’aimelinfo.fr, Glifpix). Pensez-vous que c’est un développement nécessaire ?

Le site Glifpix dont on a entendu parler au moment des Assises du journalisme à Strasbourg, propose ce service. Mais la plupart des projets d’articles ou de sites ne sont même pas financés au dixième, ça a l’air d’être un fiasco complet. Pour que ça ait du succès, il faut beaucoup en parler et avoir une communauté qui est motivée par l’info sur le web et sensible à ce média. Ce que je crains pour Jaimelinfo.fr, c’est que l’on n’ait pas du tout dans cette posture en France. Aux États-Unis, les financements par les fondations sont traditionnels pour de nombreux secteurs : les hôpitaux, les universités, les institutions. En France, cela reste cantonné aux ONG. Ça ne prendra pas l’ampleur que cela peut avoir aux États-Unis.

Il y a eu des fonds créés via un système de mécénat qui donne des avantages fiscaux si vous investissez dans des sociétés de financement pour la presse écrite. Cela ne mobilise pas beaucoup d’argent. Le SPEL [NDLR: fonds d’aide au développement des services de presse en ligne] ce ne sont pas des fonds pour équilibrer mais pour réaliser des investissements sur des projets. Mais si vous n’arrivez pas à développer des projets, il ne faudrait pas en arriver à la situation de la presse écrite qui est presque complètement dépendante des aides de l’État. 

L’élection présidentielle approche. On a vu cette année des affaires comme l’affaire Woerth, sorties d’abord sur le web. Pourquoi la classe politique a-t-elle été aussi virulente envers les sites d’infos ?

La classe politique est déphasée par rapport à une partie de la société. Quelques politiques s’y sont un peu mis, mais la classe politique reste vieille et a moins de familiarité avec ce média.

La pratique courante du cumul de mandats donne des emplois du temps assez encombrés. Et le web est un média chronophage. Si vous voulez suivre les réseaux sociaux, les sites d’info, comprendre comment fonctionne la logique éditoriale de Slate, Mediapart, Rue89, où les papiers sont plus longs et complexes, il faut du temps. Les politiques n’ont ni le temps, ni le goût, ni la compréhension, ils ne connaissent ce média qu’indirectement, par des tiers.

En plus, ces médias sont de plus en plus foisonnants, avec des formes plus anciennes du journalisme : l’investigation, l’édito, la satire, des formats beaucoup plus irrévérencieux. D’emblée il y a une très grande dégradation de l’image des journalistes. J’ai travaillé dans des cabinets ministériels et animé des réunions et de séminaires au Service d’Information du Gouvernement. C’est là que l’on entendait, à propos du web, les termes d’ “information poubelle”, d’”information caniveau”. Et personne ne s’est levé pour protester.

Photos Flickr CC-BY-NC-ND par matteopenzo et CC-BY-ND par kozumel.

]]>
http://owni.fr/2011/05/03/itw-jean-marie-charon-medias-francais-innovation/feed/ 6
En attendant Assange http://owni.fr/2011/01/12/en-attendant-assange/ http://owni.fr/2011/01/12/en-attendant-assange/#comments Wed, 12 Jan 2011 10:05:47 +0000 Olivier Tesquet http://owni.fr/?p=42013 Loin du centre de Londres, au-delà des Docklands, de Greenwich et du Woolwich Ferry, le tribunal de Belmarsh est un bâtiment administratif on ne peut plus anonyme, situé à quelques encablures de la prison du même nom. C’est ici qu’est discuté le cas de Julian Assange. Devant la ferveur des journalistes, la justice britannique a préféré transférer l’affaire à cet endroit, pour mieux accueillir la foule des correspondants et autres caméras de télévision. Au total, pour l’audience préliminaire du 11 janvier, pas moins de 100 sièges ont été réservés pour la presse: 40 dans la salle 3, où se déroulent les débats, et 60 dans une annexe dévolue aux médias, un Algeco situé à l’extérieur du tribunal. Outre les journalistes britanniques, allemands, italiens ou suédois, une bonne centaine de photographes et cameramen se tiennent à l’entrée, stationnés depuis le petit jour sur la pelouse.

A 8h30, les premiers accrédités commencent à arriver. Un confrère de la BBC joue les guides, et tandis que la cafétéria du tribunal fait office de salle de rédaction, Mark Stephens, l’un des avocats d’Assange, teint rougeaud et costume hors d’âge (à son passage, certains persifleurs raillent son air “cockney”), multiplie les allers et venues, les bras chargés d’épais dossiers. Sur le programme récupéré au secrétariat général, on remarque que l’audience d’Assange n’est qu’un événement parmi d’autres de la journée. Rien d’anormal: il ne s’agit que d’un “case management”, soit un rebondissement intermédiaire sans grandes conséquences sur le déroulement de la procédure. Ce n’est pas aujourd’hui que la cour décidera de l’extradition du fondateur de WikiLeaks.

D’emblée, Geoff Robertson, le vétéran anglo-australien du barreau qui a récemment offert ses services à Assange, déplore les conditions de l’assignation à résidence de son client. Hébergé dans le manoir géorgien du Norfolk de Vaughan Smith (le journaliste-restaurateur-fondateur du Frontline Club, un réseau de journalistes d’investigation dont le quartier général est situé près de la gare de Paddington), Assange doit effectuer plusieurs heures de trajet en voiture pour venir aux audiences. Le matin du 11 janvier, il a quitté la vaste propriété de son hôte sur le coup de trois heures du matin.

Porteur d’un bracelet électronique, contraint de pointer tous les jours au commissariat, le grand Australien ne laisse pourtant échapper aucune émotion. Escorté par deux policiers en uniforme, il est venu s’asseoir sur une banquette au fond de la salle. Après avoir brièvement salué ceux venus le soutenir à travers la vitre qui le sépare du reste de l’assistance, il a écouté les délibérations, impavide. Pendant ce temps, dans la salle réservée au médias, les hauts-parleurs crachent les convocations d’autres procès, comme on expédie les affaires courantes. En une grosse quinzaine de minutes, les avocats d’Assange obtiennent qu’il puisse passer les nuits du 6 et du 7 février au Frontline Club. L’objectif? Être frais et dispos les 7 et 8, lorsque la cour statuera sur son extradition.

L’audience levée, Julian Assange et ses proches se dirigent vers une salle de conférence attenante à la cafétéria, emmenant dans leur sillage le cortège des journalistes. Mark Stephens va même jusqu’à s’improviser garde du corps quand un journaliste essaie de rentrer furtivement dans la pièce. “Fous le camp”, s’emporte-t-il. Derrière un hublot, la quinzaine de personnes qui assiste à la réunion discute pendant 30 bonnes minutes. Autour de la table, Jemima Khan, l’ex-confidente de Lady Di, qui a payé une partie de la caution pour faire libérer Assange. Elle a emmené avec elle sa belle-fille américaine, “pour lui faire vivre cette expérience”. En revanche, aucune trace de Kristin Hrafnsson, le porte-parole par intérim de WikiLeaks, qui n’a visiblement pas fait le déplacement.

En sortant de ce conciliabule, Assange donne l’accolade à son avocat en riant. Une fois dehors, l’allocution est brève, bien loin des sorties médiatiques des débuts, quand il dénonçait une “campagne de dénigrement” et parlait de complot contre sa personne. Quelques mètres plus loin, une micro-manifestation peine à se faire entendre. Parmi eux, un quadragénaire à dreadlocks cite Timothy McVeigh, le terroriste d’Oklahoma City, tandis qu’un Anonymous masqué cotoie les partisans de Ukip, le parti pour l’indépendance du Royaume-Uni. Drôle d’attelage. Assange ne les voit pas, ni ne les entend. Cette fois-ci, escorté par Mark Stephens et Jennifer Robinson (sa deuxième avocate britannique), il se contente de ces quelques mots.

WikiLeaks continue de travailler [...] et nous publierons de nouveaux documents.

Quelques jours après s’être adjoint les services de Borkowski, un leader anglais des relations publiques (qui compte Sony, Nissan et… Jean-Michel Jarre parmi ses clients), faut-il voir dans cette pondération une nouvelle stratégie de communication? Juste après avoir quitté les lieux, le cabinet de Stephens publiait sur son site la première mouture d’un document contestant les charges pesant contre Assange, “à la demande de [son client]” (PDF). En 35 pages et 99 points, l’équipe légale du visage de WikiLeaks tente de prendre de vitesse la justice suédoise, qui n’a toujours pas transmis de preuves au Royaume-Uni. La méthode a peut-être changé, mais chez Assange, la défiance a toujours droit de cité.

Illustration CC FLickR a.powers-fudyma, photos par Olivier Tesquet.

Retrouvez l’ensemble de notre travail éditorial et technologique sur WikiLeaks à cette adresse: http://wikileaks.owni.fr

]]>
http://owni.fr/2011/01/12/en-attendant-assange/feed/ 7
McCandless datavisualisé http://owni.fr/2010/12/20/visualisation-de-donnees-rencontre-avec-david-mccandless/ http://owni.fr/2010/12/20/visualisation-de-donnees-rencontre-avec-david-mccandless/#comments Mon, 20 Dec 2010 17:51:54 +0000 Stéphanie Vidal http://owni.fr/?p=39455 Boire un thé avec David McCandless d’Information is beautiful quand on s’intéresse à la visualisation de données revient un peu à partager un pétard avec ses rockers préférés quand on est une groupie. Je souris béatement tandis qu’il peste contre sa nouvelle maison qu’il juge bien trop grande et trop froide. David met de l’eau à bouillir et je remarque que même sa théière est recouverte d’une petite laine. Quelques instants plus tard, je le suis, sans sucre et sans lait, dans les escaliers qui mènent à son bureau.

Work In progress

Là, il me montre une infographie sur les exoplanètes qu’il termine actuellement pour The Guardian. Briefé en février, il se désole de sa lenteur justifiée par un emploi du temps surchargé et une volonté farouche de tout concevoir à la main.

“J’ai vraiment voulu prendre le temps de sélectionner les informations pertinentes afin de créer une bonne histoire mais aussi de trouver l’échelle adéquate pour rendre le tout compréhensible.”

La notion d’échelle est fondamentale pour moi ; je crois que c’est véritablement la clé de la visualisation de données car elle donne à la fois le contexte et le sens.

Sans échelle, quelles que soient les formes qu’elle prend, nous ne pourrions effectivement pas nous repérer dans ces complexités. Elle est ce qui rend les informations vivantes et donne sens aux grandeurs physiques et temporelles. La visualisation sur les exoplanètes permet par exemple d’appréhender simplement l’immensité de l’espace dans lequel nous vivons et l’immensité des nombres qui le décrivent.

Je débute toute visualisation en partant non pas des nombres auxquels je suis confronté mais de ma propre confusion à leur égard. J’avoue ne pas comprendre ces nombres à l’état brut. Présentés de manière absolue, comme c’est souvent le cas dans les médias, il est difficile de cerner leur portée. Ces présentations ne permettent pas d’établir des liens entre divers éléments. Or, je crois que ce sont ces liens qui sont les plus importants.

La genèse

Après avoir trainé ses basques pendant plus de 20 ans dans les rédactions en tant que journaliste, David a eu l’impression d’avoir fait le tour de son job. Un peu d’ennui, en français dans le texte, le poussait à rechercher une activité neuve et récréative sans qu’il ne sache trop vers quoi s’orienter. Il y a 3 ou 4 ans, il décide d’enquêter sur les théories évolutionnistes et créationnistes, peu convaincu de la dichotomie simpliste véhiculée par la presse. ll est persuadé que les théories sur l’origine du monde ne se cantonnent pas à deux simples blocs s’opposant frontalement. Sans surprise, il découvre de nombreux désaccords entre les partisans, faisant émerger de multiples groupes dissidents. Il éprouve pourtant des difficultés à rendre par écrit l’ensemble de ces disparités.

“C’est alors que j’ai commencé à dessiner un schéma, pour faire le point et m’y retrouver. Je me souviens m’être dit : “Je n’ai plus à écrire l’article, il est déjà sous mes yeux! Je viens déjà de faire mon job de journaliste en expliquant clairement la situation que je veux dépeindre.” Tout était figurativement décrit. J’ai su que c’était le début de quelque chose et que je pourrais continuer dans cette voie… Je n’ai pas de diplômes en art ou en design mais une approche pratique des formes. En quelque sorte, je ne sais pas vraiment ce que je fais. Je suis simplement mon instinct…”

Source: http://www.fastcompany.com/pics/biggest-stories-our-time-visualized#1

Le design et la publicité

Cette concision, il me dit l’avoir appris dans la publicité quand il officiait en tant que concepteur-rédacteur en agences digitales. Il lui fallait alors distiller un maximum d’idées de façon claire et efficiente dans des espaces réduits.

Le minimum de mots possible certes, mais pas l’élimination des mots. C’est ça le design! Le design n’est rien d’autre que la capacité de pouvoir soustraire pour optimiser. Quand je dis “le minimum de mots” j’entends “appliquer le design aux mots et à l’information “

Cette optimisation David ne l’a pas uniquement avec la publicité, qu’il considère aujourd’hui – après y avoir été longtemps réticent – comme une discipline conceptuelle. Il m’explique qu’il ne lit plus à proprement parler mais plutôt qu’il scanne et consomme beaucoup d’informations, récupérant des bribes de sens par-ci par-là. Son esprit, comme le notre s’est plié à de nouveaux codes de lecture et d’apprentissage définis par Internet.

Is information beautiful ?

Avec ses visualisations, David se donne pour objectif de condenser du sens dans des espaces restreints afin de transmettre aux gens des informations auxquelles ils n’auraient pas eu accès autrement. Il mentionne aussi que les visualisations permettent de captiver l’attention des internautes, si difficile à retenir face à l’amoncellement d’informations disponibles sur le réseau. Je rebondis : est ce que l’information a toujours été belle ou est-elle, de fait, devenue nécessairement esthétique ?

“Bonne question. Je pense en effet que c’est une manière d’attirer l’œil toujours sollicité de l’internaute et de mettre en avant une histoire dans le grand blizzard de l’information disponible. Mais, à mon avis, l’information a toujours été belle. Elle est belle, captivante et magnétique. Même si elle n’a pas été perçue comme telle auparavant, les gens apprécient la beauté de l’information, de la connaissance, des systèmes, des idées et des concepts. Malheureusement, leur accès a souvent été restreint par les terminologies et le jargon des spécialistes. Aujourd’hui c’est un véritable dévoilement de cette beauté qui s’opère.

La visualisation de données ne se cantonnerait donc pas à attirer l’œil. David croit qu’elle relaxe aussi l’esprit : sollicitant sans trop d’effort les processus cognitifs.

Supérieur ou Égal

La visualisation de données permettrait donc de révéler la beauté intrinsèque de l’information, et même de rendre toutes informations belles. N’importe quel sujet peut ainsi être traité visuellement, déjouant les hiérarchies conventionnelles. Ici pas de Une ou de brèves. Quelque que soit le sujet représenté – les sites internet partiellement ou totalement bloqués en Chine (image ci-après) ou les pics de rupture sur Facebook – la visualisation de données semble lui donner un statut particulier. Elle aurait selon David la capacité de rendre tout intéressant.

Pratiquer la visualisation de données m’a conduit à réfléchir sur ce qui est intéressant. C’est une notion que l’on considère presque pour acquise alors qu’elle ne l’est pas du tout. Qu’est ce qui rend une chose intéressante et pas une autre ? Cette question me passionne. Je n’ai pas de réponse, mais mon intuition me dit que cela se joue au niveau des relations: non pas forcement les faits mais la façon dont il sont liés et ce qui les lie.

Montrer des imperceptibilités, révéler des motifs et découvrir des liens insoupçonnées entre divers éléments semblent contribuer à l’esthétique – si ce n’est à l’éthique – relationnelle de la visualisation de données.

Le Data Journalisme

L’entrée des données dans le journalisme est supposée en théorie bouleverser le métier. En théorie insiste David car à ses yeux, le phénomène reste encore émergent dans les rédactions, même les plus progressistes. Et encore, quand il n’est pas complètement boudé.

La difficulté avec les données, c’est que l’on ne sait pas immédiatement l’histoire que l’on va raconter. Il faut fournir un travail colossal de déchiffrement et de défrichement dans la jungle des données pour hypothétiquement voir un motif émerger. Cela n’attire pas forcément des journalistes soumis à des deadlines.

Pourtant, le journalisme de données ne diverge pas tellement du journalisme dans sa volonté de révéler des événements et d’établir des liens entre eux. Seulement, selon David, les méthodes et l’état d’esprit nécessaires ne sont pas exactement similaires.

De nombreux journalistes sont encore cantonnés à l’approche traditionnelle de l’article fini. On l’écrit, on l’imprime et on n’y retourne plus. Si jamais une modification doit être faite, on publiera un erratum quelques jours plus tard. Le document n’est plus vivant. Or je crois qu’il y a une véritable opportunité pour le journalisme avec la visualisation de donnée. On peut modifier son « article », le développer, le faire grandir. Cela nécessite d’être transparent, de montrer son travail ainsi que le processus, les sources et les contacts qui ont permis d’y aboutir. Beaucoup de journalistes ont encore peur de cela.

Timeline des sujets catastrophistes dans les médias

Inter-Activité

Si David se targue de la transparence qu’il s’impose c’est aussi parce qu’il y est obligé, habitué à recevoir de nombreux retours sur ses visualisations. Les commentaires postés sur son site sont parfois sévèrement critiques au point qu’il reprend actuellement l’une d’entre elles intitulée « How I Learnt To Stop Worrying And Love The Bomb (Kinda)».

C’est vraiment difficile d’être transparent afin de donner aux gens la capacité de jouer avec les donnés, de les partager et de les corriger. J’aime beaucoup que les gens commentent même si c’est pour me dire que je me trompe. Cela est inhérent au média, c’est une forme de la pensée participative issue d’internet.

David apprécie les démarches participatives. Toutefois, dans certains cas de figure, il module son enthousiasme:

«Le crowdsourcing et les processus démocratisés ne donnent pas toujours de bons résultats. Le processus est formidable en lui-même mais il ne produit pas forcément de bonnes histoires ni de travaux journalistiques pertinents.»

Le Storytelling

Donner forme à l’information et modeler les perceptions voilà ce qui semble animer David. Ne se contentant pas uniquement de visualisations figées, il lui arrive de créer des visualisations interactives comme par exemple « Snake Oil? » et des petites animations graphiques.

« Ces dernières sont plus narratives que les visualisations figées. Le lecteur voyage dans un paysage d’informations et je guide son parcours dans cet environnement. J’aime faire ces visualisations car j’y raconte des histoires. J’en raconte une principale mais en en dessous j’en convoque beaucoup d’autres. C’est une nouvelle forme de storytelling »

Avec la visualisation de données, l’image se fait narration; dans ce domaine, ce qui est suggéré est aussi important que ce qui est montré.

This is Serious Game

David raconte bien les histoires, présentant avec légèreté des sujets sérieux et sérieusement des sujets légers. Brillant orateur, l’auditoire de ses conférences rigole autant qu’il prend des notes.

La visualisation de données c’est à la fois divertissant et sérieux. Je pense avoir peut-être une approche plus espiègle que les autres data-journalistes. Les données permettent et obligent le jeu. Il est nécessaire d’entrer avec elles dans un processus ludique afin d’en extraire des motifs mais aussi pour ne pas laisser leur formalisme paralyser notre imagination.

Dans sa démarche créative David se sert du rire pour déjouer la tension formelle inhérente aux données et du ludique comme méthode s’appliquant aux processus et aux esprits, pour produire et pour communiquer.

Toutes les illustrations sont issues du site de David McCandless, Information is Beautiful, exceptée l’image de clé CC FlickR par davidsmalley

]]>
http://owni.fr/2010/12/20/visualisation-de-donnees-rencontre-avec-david-mccandless/feed/ 11
Le “fact-checking” peine à s’imposer en France http://owni.fr/2010/11/18/le-fact-checking-peine-a-simposer-en-france/ http://owni.fr/2010/11/18/le-fact-checking-peine-a-simposer-en-france/#comments Thu, 18 Nov 2010 17:03:41 +0000 Lorrain Sénéchal http://owni.fr/?p=36186 Face à l’avalanche de chiffres, à la pluie d’affirmations pendant la dernière campagne présidentielle, des journalistes ont décidé de les vérifier : des blogs comme “les Décodeurs” sur leMonde.fr, des rubriques telles qu’”Intox / Désintox” dans Libération, ont vu le jour.

Cette pratique du journalisme, appelée  fact checking, est issue des pays anglo-saxons. Aux États-Unis, plusieurs sites Internet ne s’attachent plus qu’à cela. Le plus connu est politifact.com. Ce site, projet du quotidien floridien St. Petersburg Times, est devenu une référence, s’octroyant même un des prix Pulitzer décernés en 2009.

Aux États-Unis, les journalistes sont beaucoup moins gentils envers les hommes politiques qu’en France, explique Elaine Cobbe, correspondante de la chaîne américaine CBS News en France :

Nous partons du principe que les hommes politiques sont des représentants du peuple, qu’ils sont payés par nos impôts, et qu’ils doivent nous rendre des comptes. Les journalistes sont un peu le pont entre le peuple et les hommes politiques.

Cette différence entre les pays anglo-saxons et la France vient de l’origine même du journalisme. “En France, c’est beaucoup plus littéraire, soutient Elaine Cobbe, parce que les premiers journalistes étaient aussi écrivains. En Angleterre et aux États-Unis, c’est devenu un métier beaucoup plus tôt, avec un objectif : vérifier les faits”.

Des Internautes spécialiste

Et aujourd’hui, certains journalistes français comptent bien suivre cette conduite. “Il y a une méfiance vis-à-vis des hommes politiques, mais aussi vis-à-vis des journalistes”, affirme Nabil Wakim, journaliste au monde.fr et rédacteur aux Décodeurs. Le fact checking est peut-être le moyen de redorer le blason des journalistes.

Le phénomène est arrivé en France avec le tournant qu’a pris la communication politique, analyse-t-il, qui nous bombarde de chiffres. Forcément, les gens s’interrogent

Grâce à Internet, les journalistes peuvent de plus faire appel aux contributions des lecteurs directement. A l’occasion de l’interview du président de la République, mardi soir, nous avions organisé un forum en direct en essayant, avec l’aide des Internautes, de décortiquer les affirmations de Nicolas Sarkozy, témoigne-t-il. Il y a beaucoup de spécialistes parmi les internautes, et certains nous envoyaient des documents qui prouvaient que Nicolas Sarkozy avait tort !”

Autre motif de satisfaction, les lecteurs renvoyaient parfois sur des articles des Décodeurs, ou de la rubrique Intox/Désintox de Libération, notamment sur les erreurs du Président sur la fiscalité allemande. Mais Nabil Wakim n’est pas naïf, il sait qu’on est encore loin du succès de politifact.com.

Cercle vicieux

“Les Décodeurs est un peu en sommeil”, explique-t-il. “Nous ne sommes que deux pour l’instant.” A Libération, même constat. “Intox / Désintox n’est pas installé dans le journal”, confie Cédric Mathiot, journaliste en charge de la rubrique. “Je suis tout seul, et je ne peux pas tout vérifier, c’est un boulot énorme.”

Il ne comprend pas pourquoi le journal ne donne pas plus de place à sa rubrique : “J’ai de très bons échos des lecteurs ou d’autres journalistes. Mais Libération n’a pas d’argent pour augmenter l’effectif, et n’a pas la volonté d’augmenter la pagination. Mais c’est un cercle vicieux, parce que la rubrique ne devient toujours pas un rendez-vous installé dans l’esprit des gens.” Par conséquent, “Intox / Désintox” reste une rubrique “bouche-trous”, comme le déplore Cédric Mathiot.

Par le manque de moyen et une prédisposition culturelle à la “gentillesse” envers les hommes politiques, le fact checking ne s’installe que très lentement en France. “Les députés français ne savent même pas que cela existe”, assure Samuel Le Goff, attaché parlementaire de Lionel Tardy, député UMP de Haute-Savoie. “En fait, c’est encore la télévision qui les inquiète. Ils ont peur d’être filmé à leur insu et de passer dans une émission comme ‘Le Petit Journal’.”

Les députés ont donc plus peur de leur image que du mensonge. Il est temps que le fact checking s’impose en France.

[NDLR] De temps à autres, quelques projets de fact-checking sont menés par des pure-players comme Rue89 à l’occasion du dernier entretien télévisé de Nicolas Sarkozy. La soucoupe suit bien évidemment tout cela de très près…

—-
Article initialement publié sur Pour quelques lecteurs de plus, le blog des étudiants du CFJ consacré au suivi des Assises du Journalisme

Crédits photos CC FlickR Stéfan

]]>
http://owni.fr/2010/11/18/le-fact-checking-peine-a-simposer-en-france/feed/ 33
Pige et journalisme scientifique, même combat http://owni.fr/2010/11/09/pige-et-journalisme-scientifique-meme-combat/ http://owni.fr/2010/11/09/pige-et-journalisme-scientifique-meme-combat/#comments Tue, 09 Nov 2010 08:49:50 +0000 pascallapointe http://owni.fr/?p=33239 Cet article a été publié sur le site de l’Agence Science-Presse, média indépendant Canadien.

Si le journalisme de demain est voué à devenir un métier de plus en plus précaire, en quoi cela affectera-t-il le journalisme scientifique ? En mal, parce que la course à la productivité favorise les sujets superficiels ? Ou en bien, parce que ça stimule la créativité ?

C’est là, grossièrement résumé, un des débats qui divise les observateurs de la pige, au Québec et ailleurs, depuis au moins 15 ans. Dans le camp des pro-créativité : ceux pour qui le journaliste pigiste est un « entrepreneur », un mot qui a ratissé de plus en plus large, au point où il en est pratiquement devenu, pour ses partisans, synonyme de « créatif ».

Dans le camp des inquiets : ceux qui, comme l’Association des journalistes indépendants du Québec (AJIQ), dénoncent les piètres conditions de travail… et le fait qu’elles trouvent encore le moyen de reculer. Comme on peut le lire dans cette vidéo récente de l’AJIQ :

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Les tarifs du journaliste indépendant – Salaire compte tenu de l’inflation, 1980-2010 : moins 163%. Le journaliste indépendant cède ses droits : 1) d’auteur 2) moraux. Convergence des médias = pouvoir de négociation : zéro.

Or, si le journalisme scientifique a une particularité, c’est que même des scientifiques se sont ouvertement inquiétés des conditions de travail des journalistes. Les Britanniques Jane Gregory et Martin Bauer par exemple, dans un article sur la communication scientifique paru en 2003 :

La situation professionnelle du journaliste est de plus en plus incertaine, voire précaire… Entre 1984 et 1994, la production quotidienne de la presse écrite au Royaume-Uni a presque doublé, mais les effectifs des journaux ont à peine augmenté… Les relations publiques, par contre, forment un domaine des plus prometteurs. C’est un secteur en pleine croissance, qui offre de bons salaires et un milieu privilégié de réinsertion professionnelle pour d’anciens journalistes… Subissant ces pressions, les journalistes deviennent de plus en plus dépendants de sources d’information pré-élaborées, limitant ainsi leur propre apport à la rédaction, au résumé et à la personnalisation…

Plus récemment, les climatologues ont eu encore plus de raisons de s’inquiéter. Ainsi, l’équipe du blogue Real Climate en février dernier :

À ceux qui sont familiers avec la science et le travail du GIEC, l’actuelle discussion médiatique est en bonne partie absurde et surréaliste. Des journalistes qui n’ont jamais même feuilleté le rapport du GIEC sont maintenant scandalisés qu’un chiffre erroné apparaisse à la page 493 du volume 2. Nous avons rencontré des gens de télé venus filmer un rapport sur les erreurs du GIEC, et qui étaient surpris lorsqu’ils tenaient dans leurs mains un des lourds volumes : ils n’en avaient jamais vu. Ils nous disaient franchement être incapables de porter leur propre jugement : ils pouvaient seulement rapporter ce qui leur était dit. Et il y a un lobby très bien organisé, avec des relationnistes talentueux, qui s’assure que ces journalistes se fassent dire la « bonne » histoire.

Les scientifiques au secours des journalistes ?

Si les journalistes ont besoin d’alliés dans leur lutte pour une information de qualité, les scientifiques pourraient-ils être ces alliés ? Autrement dit, scientifiques, vous rêvez qu’il y ait du meilleur journalisme ? Réclamez de meilleures conditions de travail pour les journalistes pigistes ! Un éditorial de Nature, il y a presque un an jour pour jour, disait à ce sujet :

Les scientifiques ont peu de pouvoirs devant cette saignée. Mais n’importe quel geste pour engager le dialogue avec les personnes concernées ou pour assurer la survie d’un journalisme scientifique critique, serait salutaire.

C’est en effet une attitude qui serait certainement plus salutaire que celle consistant à accuser les journalistes de tous les maux. Leur fournir une meilleure formation en science, comme le veut le premier réflexe du scientifique, ne servira pas à grand-chose si, par la suite, les journalistes n’ont pas les moyens de s’en servir.

En fait, des pistes de solution sont déjà évoquées : l’hypothèse des médias subventionnés ou commandités par une université, comme le e360 que j’évoquais ici, est une des pistes envisagées (au Québec, des subventions gouvernementales d’aide à la vulgarisation scientifique existent déjà). Un coup de pouce gouvernemental, par voie légale, objectif que poursuit l’AJIQ, est l’autre piste : on pense à l’octroi aux journalistes indépendants d’un statut qui les protègerait un peu (le modèle de l’Union des artistes est évoqué, parce qu’il garantit des tarifs minimaux lors de la signature d’un contrat).

Décision pas facile pour un politicien —il y a peu de votes à y gagner. Mais facile à justifier si on croit, comme société, à l’importance d’une information de qualité.

>> Images CC Flickr : garryknight et philippe leroyer

>> Article initialement publié sur le site de l’Agence Science-Presse

]]>
http://owni.fr/2010/11/09/pige-et-journalisme-scientifique-meme-combat/feed/ 1
Quand journalistes et scientifiques font bon ménage http://owni.fr/2010/10/09/quand-journalistes-et-scientifiques-font-bon-menage/ http://owni.fr/2010/10/09/quand-journalistes-et-scientifiques-font-bon-menage/#comments Sat, 09 Oct 2010 13:05:44 +0000 Gayané Adourian http://owni.fr/?p=58

1990 est la date à laquelle paraît le premier rapport du GIEC.  Il y a déjà eu des sommets sur le climat, des objectifs définis entre scientifiques et politiques… pourtant le problème n’est pas encore arrivé jusqu’aux oreilles des citoyens. Il faut attendre 1997 et le protocole de Kyoto pour que cette thématique soit plus largement abordée dans les médias.

Pourquoi si tard ? Plusieurs facteurs sont en cause en France : la faible structuration de la recherche académique sur le climat, les réticences des scientifiques à l’égard des médias, la faible professionnalisation du journalisme environnemental, le manque d’implication des associations environnementale sur le sujet… Pour toucher “monsieur et madame tout-le-monde”, il faut rendre nationales et concrètes les préoccupations climatiques.

Dans un article publié en 1995 et intitulé “Sources strategies and the mediatization of climate change“, les sociologues Marc Mormont et Christine Dasnoy remarquent que

la méfiance à l’égard des médias qui prédomine au sein du champ scientifique français ne favorise pas l’investissement des scientifiques dans une pratique d’expertise auprès des journalistes.

En pratique, les journalistes n’ont guère le choix… Ils peuvent seulement montrer que la communauté internationale est unanime et que la gravité du problème est telle qu’il faut se mobiliser. En outre, le poids des journalistes environnementaux dans les rédactions n’est pas toujours suffisant : ils sont cantonnés dans la couverture des COP ou l’explication de l’effet de serre et il leur faut argumenter et batailler ferme pour pouvoir publier autre choses  sur le sujet.

Une transformation de la relation qui existe entre les journaliste environnementaux et les scientifiques du climat est absolument nécessaire pour pouvoir rendre la question publique et espérer ainsi toucher tout le monde.

La montée du “journalisme environnemental”

La montée progressive de la thématique climatique dans la hiérarchie des problèmes publics s’effectue en parallèle de l’institutionnalisation du journalisme environnemental au début des années 2000. Dans sa thèse (1), Jean-Baptiste Comby raconte :

À la fois “complices” de cette spécialité journalistique et bénéficiaires de cette institutionnalisation, les entrepreneurs du problème climatique servent et se servent des journalistes des rubriques environnement.

La création en 1994 de l’Association des Journalistes de l’environnement (AJE) révèle les modifications structurelles que connaît ce sous-ensemble de la profession. L’AJE répond aux aspirations d’autonomisation et de professionnalisation à un moment de forte croissance du nombre de ces journalistes… mais cette association est étroitement liée à l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie (Ademe) dont le responsable des relations presse est, à l’époque, président de l’AJE.

Dans les années 1990, il est très difficile pour un journaliste environnementaliste de ne pas être considéré comme un militant. Certaines tensions et déconsidérations existent au sein même des rédactions des quotidiens nationaux (Le Figaro, Le Monde…).

À Libération, la rubrique quotidienne sur l’environnement est mise en place à partir de 2003 et concerne quatre “journalistes environnement” et cinq “journalistes science”. Il faut attendre 2005 à la rédaction du journal Le Monde pour avoir une rubrique quotidienne partagée. En revanche, le quotidien Le Figaro se démarque par sa prévoyance puisque dès 2001 un “journaliste environnemental” et un “journaliste science” se partagent la rubrique.

Le journalisme comme outil de sensibilisation

Pour attirer l’attention du public, ces journalistes doivent ancrer leurs articles sur le climat dans le quotidien des lecteurs ou téléspectateurs. Pour cela, tous les moyens sont bons, notamment les registres du sensible et de la proximité. Pour Jean-Baptiste Comby,

les journalistes de l’environnement font ainsi d’une pierre deux coups : ils remplissent la mission de sensibilisation que leurs “sources” leur assignent et satisfont aux impératifs de l’audimat.

En clair : satisfaire les scientifiques tout en concernant « monsieur et madame tout-le-monde ».

Que voit-on ? L’emprise de la communication sur l’action publique (notamment par le biais des agences comme l’Ademe) et la professionnalisation du journalisme environnemental, partis de deux points de départ différents, se rejoignent finalement :

La valorisation publique du problème climatique s’en trouve dépolitisée

Il est maintenant possible d’instrumentaliser des évènements météorologiques pour accélérer la publicisation du problème du changement climatique. Par exemple, les journalistes n’ont pas annoncé de lien entre la tempête de 1999 et le changement climatique, mais ce dernier a été immédiat dans les journaux en ce qui concerne la canicule de 2003.

Dans ce dispositif qui tient d’alliance objective, tout le monde est gagnant. D’une part, les agences et cabinets d’expertise, d’autre part les journalistes en charge de cette actualité. Ces deux groupes insistent sur un consensus qui leur permet d’argumenter sur l’urgence du problème tout en laissant de côté d’éventuelles controverses scientifiques abstraites qui n’intéresseraent presque personne. En prime, tous se sentent investis d’un rôle civique.

Quant aux scientifiques, une participation à l’expertise ne leur semble pas présenter un intérêt scientifique suffisant au regard du temps et de l’énergie nécessaire. Par ailleurs, pour les chercheurs du Laboratoire de Météorologie Dynamique (LMD), affilié au CNRS, l’organisation nécessaire pour réaliser des simulations pour le GIEC ne cadre pas avec leur culture institutionnelle. Ils voient dans l’expertise un risque pour le droit du chercheur à travailler sur les sujets qui lui semble pertinent.

Les scientifiques dans l’arène médiatique

En 2004, changement de cap. Les équipes de recherche françaises s’engagent massivement dans la réalisation de simulations pour le 4ème rapport au GIEC (publié en 2007). Les chercheurs semblent avoir été convaincus que l’expertise respectait les normes et valeurs de la recherche et qu’ils pouvaient y trouver un intérêt scientifique pour leurs propres travaux.

Jean-Baptiste Comby et Marine Soichot montrent que dans la suite de la construction du problème climatique, plusieurs chercheurs de ces équipes Institut Pierre Simon Laplace (IPSL) dont le LMD et Météo France, vont s’engager en dehors de l’arène scientifique. Parmi eux, Jean Jouzel, incontournable porte-parole du problème climatique en France, sera le plus médiatisé. D’autres chercheurs comme Hervé Le Treut (LMD), Sylvie Joussaume (LSCE) ou Valérie Masson-Delmotte (LSCE) monteront également petit à petit dans les médias.

Ces scientifiques jouissent d’un crédit incontestable et leur discours met en avant le consensus (du GIEC), en insistant sur le fait que les certitudes sur le sujet pèsent plus que les incertitudes. Ce sont ce qu’on peut appeler des lanceurs d’alerte, position plus ou moins assumée par tous.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Ce discours va rencontrer les attentes des journalistes qui cherchent  à obtenir un positionnement clair de la part des scientifiques français. Ils peuvent alors difficilement remettre en cause le consensus avancé par les scientifiques qui s’engagent dans la médiatisation du problème, d’autant plus qu’il n’y a en France à cette époque, que peu de discours contradictoires sceptiques.

Le sujet devient plus facile à traiter pour les journalistes : il est possible de parler des conséquences, de rendre le problème plus concret. Et depuis, le changement climatique est entré dans notre information quotidienne… jusqu’à avoir aujourd’hui une sorte de parité dans les débats : un « climatosceptique contre un réchauffiste ». Extrême inverse pour rétablir un équilibre ?

Notes :

1. Les enjeux liés aux changements climatiques : valorisation publique, médiatisation et appropriations au quotidien (1998).

>> Images CC Flickr : HikingArtist.com et Creeping.D

>> Article initialement publié sur : Prisme de tête

]]>
http://owni.fr/2010/10/09/quand-journalistes-et-scientifiques-font-bon-menage/feed/ 5
Journalisme musical: quelles options pour quel avenir? http://owni.fr/2010/10/01/journalisme-musical-quelles-options-pour-quel-avenir/ http://owni.fr/2010/10/01/journalisme-musical-quelles-options-pour-quel-avenir/#comments Fri, 01 Oct 2010 14:04:20 +0000 Florian Pittion-Rossillon http://owni.fr/?p=26837 La presse écrite souffre, les maisons de disques tanguent. Au rythme des annonces de baisse des volumes de vente, s’ajoute la mélopée des inquiétudes sectorielles. Et naturellement, les regards se tournent vers les victimes parmi les plus exposées de ces troubles industriels : les journalistes musicaux. Quelle place pour leur expertise quand celle-ci, diluée dans le flot de la prise de parole des amateurs, voit son impact sur l’image d’un disque considérablement amoindrie ? (On laisse ici de côté un débat bien plus ancien sur les conséquences des critiques sur les ventes).

Dans l’ancien temps, le journaliste musical avait un rôle défini par l’organisation de la vente de disques. Le label ou le distributeur concentrait sur cet interlocuteur les informations B2C relatives à la date de sortie et aux points de vente. Le journaliste signalait la disponibilité du disque au grand public, dans un système où l’information était rare, alors même qu’on achetait des disques sans les avoir écoutés. La possibilité d’annoncer l’existence d’un disque posait donc les fondations de la crédibilité journalistique, étayée par cet accès privilégié à l’information. Le journaliste bénéficiait du prestige « d’en être ». Le sens de son opinion autorisée venait en deuxième lieu.

L’échelle de l’évaluation des avis journalistiques

Dans nos époques troublées, le journaliste n’a plus le monopole de l’information et doit donc son statut à la seule teneur de ses avis. Comment en mesurer la valeur ? Quelle est l’échelle d’évaluation ? Est-ce la somme des mots-clés insérés dans une chronique ? Car on connaît l’obligation qu’ont les pigistes de Télérama d’écrire « clair-obscur » ou « bleus à l’âme » dans une chronique d’un album de chanson française. On sait la malédiction qui a frappé les Inrockuptibles pendant toute la décennie 2000, imposant à ses rédacteurs les termes « bidouilleur de génie » et « sorcier du son » dans toutes les chroniques de musique électronique. Et l’on n’ose évoquer sans frémir la domination brejnevienne du duo « décalé » & « déjanté », impitoyables équarisseurs bordant le moindre demi-feuillet du côté de chez Nova & Technikart.

Non, la valeur de la parole du journaliste viendra plutôt de la reconnaissance de son positionnement par le grand public, pour continuer de se détacher du frère ennemi de toujours : le critique amateur, désormais sacralisé par la dictature populaire de « l’avis consommateur ». Il va s’agir de se distinguer, et par le haut. Hardi, guérillero, choisis ton camp : cinq nomenclatures de carrière sont possibles.

Me, Myself and Moi

Trempant sa plume dans le sang des vierges sacrifiées sur l’autel des mythes antiques, tartinant son érudition sur le clitoris de nos ignorances, ce dernier des braves investit la langue d’une mauvaise foi qui signale les meilleurs.

1. L’utra-défricheur. Dérivé de l’ancienne posture de l’initié. C’est celui qui continue d’être informé avant tout le monde. Aujourd’hui, il doit pour cela extrêmiser la démarche et déclarer adorer écouter des démos de Folk Progressif Tatare pendant l’orgasme, pour rester « preum’s ». Le risque : le syndrome de Charles-Edouard, l’érudit relou qui saoûle les meufs en soirée avec ses tirades très progressives elles aussi.

2. L’archiviste. Capitalise sur sa culture pour se poser en guide dans la touffeur de la musique moderne. C’est l’opposé de l’ultra-défricheur. Celui-ci la joue conservateur de musée et commissaire d’exposition, dont le jugement se pare de connaissance historique. Le risque : le syndrome de Tron, où quand malgré tous ses efforts on se fait avaler par la machine (les algorithmes de Google en l’occurrence, plus en phase avec les pratiques actuelles de consommation boulimique de la musique).

3. Le troubadour. A déserté le terrain du fond pour celui de l’entertainment. Rendu au rang de conteur, le journaliste légitime ainsi narrer ses versions toutes personnelles de la Grande Geste du Folk Progressif Tatare. Le risque : le syndrome du bouffon (dit aussi de la patrickeudelinisation). Réduit à sa caricature, le troubadour fourgue des pitreries qui fond oublier le sujet qui les motive.

4. Le post-journaliste. La valeur de ses avis vient de la charge narcissique qu’ils étalent. Déjà ricanant et satisfait comme un parfait réac, confit dans sa posture ultra-relativiste, il a pour modèle le journaliste de Technikart des années 2000 : chaque article étant un morceau de la grande prose auto-fictionnelle qu’il n’écrira jamais. Le risque : le syndrome de la SNCF, où quand la casquette de contrôleur finance les illusions perdues.

5. L’écrivain. Trempant sa plume dans le sang des vierges sacrifiées sur l’autel des mythes antiques, tartinant son érudition sur le clitoris de nos ignorances, ce dernier des braves investit la langue d’une mauvaise foi qui signale les meilleurs. Des grands anciens (Philippe Manœuvre, Lester Bangs) aux parrains discrets mais tenaces (Marc Zisman, Guido Minisky), en passant par la racaille sardonique (les auteurs des chroniques nihilistes de Vice Magazine), tous manient le beau geste. Le subjectif est leur destrier, le rire est leur épée, le style est la cape dont ils se drapent en piétinant les cadavres de médiocres.

Prescripteur de rien

Bon, est-ce que donner un sens veut dire devenir prescripteur ? Qu’est-ce qu’être prescripteur ? C’est avoir une fonction précise dans un process global visant à déclencher l’acte d’achat. Or un journaliste doit avoir un rôle (cf nomenclature ci-dessus), mais pas une fonction de catalogue parlant (bonjour tristesse). Un journaliste musical idéal aurait à se réjouir de n’être prescripteur de rien. Laissons aux algorithmes le soin de la prescription, et à l’humanité celui d’enjoliver l’aléatoire. Comme dit Jeff Bezos, PDG fondateur d’Amazon :

Content won’t be made by machines

Article également publié sur Culture DJ, un blog qui envoie la purée

Crédits photos CC FlickR par Mike Rohde, sunside

]]>
http://owni.fr/2010/10/01/journalisme-musical-quelles-options-pour-quel-avenir/feed/ 9
#hackthepress à la Cantine le 28 septembre! http://owni.fr/2010/09/27/hackthepress-a-la-cantine-le-28-septembre/ http://owni.fr/2010/09/27/hackthepress-a-la-cantine-le-28-septembre/#comments Mon, 27 Sep 2010 06:52:08 +0000 Sabine Blanc http://owni.fr/?p=28502

Cela avait commencé par un tweet un peu rageur, cet été, perdu depuis dans les profondeurs de ma timeline :

Et en France ? RT @journalismnews Event: ScraperWiki/LJMU Open Labs Liverpool Hack Day – Hacks Meet Hackers!

Hacks meet hackers pour ceux qui ne connaissent pas, c’est la rencontre entre des corps de métier jusque-là cloisonnés dans les médias d’information : développeurs, designers et journalistes. Une minute après ce RT bougon, je lançai l’idée : et pourquoi pas en France ? Quelques g-doc plus loin, l’event était sur pied, aidé de quelques bonnes volontés :


OWNI et Silicon Sentier, en partenariat avec Squid Solutions, af83média, la Netscouade et le Social Media Club France vous invitent à une journée de rencontre dédiée aux nouveaux outils du journalisme, une première en France. L’occasion de pratiquer ces nouvelles formes de journalisme, dans le cadre d’une battle d’applications entre équipes de professionnels mêlant designers, développeurs et journalistes, et de réfléchir à ce sujet, dans le cadre de tables rondes et d’échanges informels toute la journée.

Il s’est écoulé moins de trois ans entre l’invention du cinéma et son utilisation à des fins journalistiques, en 1897. Alors que rien ne rapprochait la plume et la caméra, les deux métiers évoluent main dans la main depuis plus d’un siècle.

Trente ans après l’arrivée de l’informatique grand public, de nombreux journalistes ne voient toujours pas l’intérêt de travailler avec des programmeurs, quand bien même internet devient le premier vecteur d’audience !

Tout comme le cinéma et la télévision ont apporté de nouveaux moyens au journalisme sans en dilapider l’essence, la programmation et le design interactif l’enrichissent et lui ouvrent de nouveaux horizons, à commencer par le datajournalism et les applications à valeur ajoutée.

Crowdsourcing, géolocalisation, traitement des données, visualisation, multmédia, interactivité, personnalisation de l’information, actualisation en temps réel, fédération de flux… les journalistes ont désormais une palette de nouveaux outils qui modifient leur pratique quotidienne et l’expérience des utilisateurs.

C’est grâce à la collaboration au sein d’équipe pluridisciplinaires que ces nouvelles formes de journalisme peuvent se concrétiser, en particulier sous la forme d’interfaces enrichies.

OWNI et Silicon Sentier, en partenariat avec Squid Solutions, af83média, Netscouade et le Social Media Club France organisent une journée de rencontre et de collaboration (battle) entre équipes de journalistes, développeurs-programmeurs et designers :

le mardi 28 septembre de 10 heures à 19 heures
à La Cantine,
151, rue Montmartre, 75002 Paris
(métro Grands Boulevards ou Bourse)

Inscriptions en ligne sur le site de La Cantine

La journée sera organisée comme suit :

- de 10 heures à 18 heures : un concours de réalisation d’applications tout au long de la journée, mettant en compétition des teams de 3 à 5 personnes réunissant les trois compétences (journalistes, développeurs et graphistes) avec une restitution en fin de journée et la présentation des projets (les sujets seront tous liés à l’actualité, à la façon d’une rédaction innovante).

Avec la participation des équipes d’OWNI, la Netscouade, Umaps, Rue89, StreetPress, etc.

Proposez votre équipe > sabine[at]owni.fr

En parallèle, La Cantine sera aussi un lieu de rencontre et d’échange dédié aux nouvelles problématiques des médias.
Venez discuter toute la journée avec les acteurs de cette évolution avec en point d’orgue :

- de 11 heures à 12 heures : conférence sur les bonnes pratiques pour concevoir des applications liées à l’actualité et présentations de solutions, avec :

M. Julien Goetz, journaliste du pôle data d’OWNI.
M. Jean-Marc Delaunay, journaliste chez reporters d’espoir, auteur de l’application les cumulards du CAC 40
Melle Cécile Dehesdin et Grégoire Fleurot, journalistes chez Slate.fr, auteurs du Facebook de l’affaire Woerth-Bettencourt
M. Pierre Bance et M. David Castello-Lopes, respectivement développeur et journaliste, auteurs d’une carte interactive du chômage en France sur Lemonde.fr
Modération : Eric Scherer, directeur de la stratégie et des relations extérieures de l’AFP

Durant la pause déjeuner, les équipes feront un point sur l’avancée de leurs travaux.

- de 14h30 à 15h30 : conférence sur l’impact du datajournalisme : quelle est sa valeur ajoutée ? Quelles évolutions cela implique-t-il sur l’organisation des rédactions ? Avec la participation de :

M. Simon Rogers, du blog data du Guardian
M. Nicolas Kayser-Bril, responsable du pôle data chez OWNI
M. Christophe Deloire ou Olivier Porcherot du CFPJ
Modération : Régis Confavreux, ex secrétaire général de Télérama et ex directeur délégué de Courrier international

- à 18 heures 30 : présentation des applications préparés par les équipes. Désignation d’un vainqueur symbolique, qui gagnera un minitel. Les applications seront présentées en temps réel tout au long de la journée sur le site dédié, hackthepress.net.

- à 19 heures : cocktail

> les sujets et équipes / pour nous suivre toute la journée : http://hackthepress.net/ /-)

Crédit grendelkhan

]]>
http://owni.fr/2010/09/27/hackthepress-a-la-cantine-le-28-septembre/feed/ 3